Le succès à la chasse à l’orignal dépend de bien des petits facteurs et de la capacité du chasseur à s’adapter à la situation vécue au moment de la rencontre avec un orignal. Dans ce texte, je vous propose quelques petits conseils à travers des mises en situation qui vous permettront d’améliorer vos chances de succès tant lors d’une séance d’appel que lors de vos déplacements en forêt à la recherche du gibier convoité.
Lorsque cela est possible, il peut être très avantageux de faire discrètement le tour de son territoire la veille du début de la chasse, question de découvrir les signes les plus frais présents sur le territoire. Cela nous permet ainsi d’investir nos efforts le premier matin dans la portion de territoire qui semble la plus prometteuse au lieu d’y aller au hasard. Il est par contre préférable de faire ce genre de prospection de dernière minute en dehors des heures de déplacement du gibier. Lors de cette tournée, il n’est pas important de voir des orignaux et risquer ainsi de les déranger. Ce qui est important, c’est de trouver des traces fraiches ou des signes frais de rut comme des souilles ou des frottages pour établir par la suite son plan de match.
Chaque matin, je quitte le campement toujours lorsque l’heure légale de chasse est amorcée. De cette façon, je m’assure que si je vois un orignal lorsque je suis en camion, en VTT ou à pied dans un sentier, je peux avoir une chance de le récolter au lieu de seulement le regarder quitter les lieux en épouvante. N’oubliez jamais que l’orignal agit différemment du chevreuil dans le sens que s’il est dérangé il changera de territoire au lieu d’y demeurer et de devenir nocturne. Alors si vous ne voulez pas tasser vos orignaux sur le territoire du voisin, déplacez-vous toujours de clarté en ayant une chance de les récolter.
Pour ne pas brûler vos sites de chasse rapidement, il est important d’alterner de place aux 2 jours en laissant un site au moins 24 heures sans la présence d’un chasseur. De cette façon, vos odeurs se dissiperont avant votre prochaine visite. Il n’y a pas que les odeurs qui peuvent irriter les orignaux. Le fait d’entendre au même endroit le même type d’appel jour après jour a le même effet négatif sur vos chances de succès qu’un site contaminé d’odeurs. Ainsi, en plus d’alterner de site aux 2 jours, il serait important qu’un autre membre du groupe prenne la relève à cet endroit par la suite, question de faire penser qu’une nouvelle femelle vient de faire son entrée à cet endroit.
Le choix de l’emplacement pour une séance d’appel est la pierre angulaire du succès à la chasse à l’orignal. Pour déterminer si vous avez choisi la bonne place pour caller, voici les critères à considérer. Premièrement, il faut que vos appels portent suffisamment loin pour maximiser vos chances d’être entendu par un des mâles de votre secteur. Si vous vous rendez compte que le call porte, ça vaut la peine d’investir du temps à cet endroit sinon changez d’endroit assez rapidement. Deuxièmement, il faut que le mâle n’ait pas peur de venir à vous. Les endroits trop à découvert sont à proscrire, car bien que vous aurez des réponses, votre taux de réussite à
faire venir un mâle à portée de tir sera assez faible. Personnellement, je priorise les dessus de montagne de bois franc ou mixte. Dans un tel environnement, l’orignal y circule en toute sécurité ce qui n’est pas le cas dans une ouverture trop dégagée comme un grand bûcher de 3 ans par exemple. Cette constatation est encore plus vraie lors d’une journée ensoleillée.
Quand je tente d’amorcer un dialogue avec un mâle, je débute toujours ma séance d’appel en imitant une femelle réceptive. Je commence avec des plaintes très faibles pour débuter au cas ou un orignal serait à proximité. Si je n’ai pas de réponse, j’y vais avec plus de force en mettant beaucoup de trémolos dans ma voix. En agissant ainsi, je maximise mes chances de réponses, car, quel que soit le tempérament des mâles présents sur mon territoire, ils n’auront aucune crainte de me répondre et de venir vers moi. Ce n’est pas nécessairement le cas si j’imite un mâle agressif prêt à se battre. Dans ce cas-ci si le seul mâle de votre secteur est un dominé, il n’osera pas répondre à un dominant et vous aurez perdu votre seule chance de récolte. Tenter de récolter un mâle en imitant une femelle réceptive a un autre avantage important. C’est que le mâle aura moins tendance à prendre ses précautions en progressant vers vous. Puisqu’il ne pense pas avoir affaire à un autre mâle agressif, il n’aura pas le réflexe d’aller chercher son vent par exemple. Tout ce qui l’intéressera, ce sera d’arriver le plus rapidement possible pour devenir le prétendant numéro un de madame.
Quand on exécute une séance d’appel, il faut analyser le moindre indice que peuvent nous fournir les orignaux du secteur. Si par exemple, en imitant une femelle réceptive, une vraie femelle se manifeste en signifiant qu’elle aussi est en chaleur, c’est qu’il y a un mâle qui l’accompagne dans la très grande majorité des cas. Si vous êtes moindrement attentif, vous entendrez le mâle répondre un seul Wouf. Cela signifie, je t’ai entendu et si tu veux me voir, je suis ici. En pareille situation, vous devez vous déplacer vers le couple d’orignaux, car le mâle ne viendra pas à vous dans la très grande majorité des cas, car vous êtes trop loin pour pouvoir le provoquer ou l’intéresser suffisamment. Par contre, plus vous vous rapprocherez de lui, plus vous aurez la chance de rentrer dans sa bulle et à ce moment l’action débutera. Pour maximiser mes chances en pareille situation, j’imite la même femelle réceptive qui a provoqué la première réponse, mais cette fois-ci accompagnée d’un jeune mâle. Pourquoi un jeune mâle? Parce qu’aucun mâle n’hésitera à venir confronter un jeune mâle qui tente de se rapprocher de la femelle qui l’accompagne ce qui n’est pas nécessairement le cas si vous imitez un mâle mature.
Vous avez effectué des appels de femelle réceptive et soudainement un mâle vous répond à plus d’une reprise en se dirigeant vers vous. Écoutez attentivement sa progression et vous remarquerez qu’il va effectuer quelques pauses en cours de route question simplement de vous localiser. En pareille situation, lorsque l’orignal cesse de répondre et de progresser vers vous, répondez-lui rapidement et il reprendra sa course vers vous, car vous l’aurez rassuré et vous aurez gardé son taux d’excitation au même niveau que lors de sa première réponse ce qui l’empêchera d’analyser la situation. Ce sera son instinct de reproduction qui lui dictera de continuer à avancer vers vous. Si vous ne lui répondez pas, il va commencer à douter et c’est à ce moment qu’il va me re tous ses sens en alerte et que la partie sera beaucoup plus ardue.
Si un mâle vous répond suite à une combinaison d’appels de femelle et de mâle et de rattling, c’est que vous l’avez provoqué. En pareille situation, vous devez vous adapter à son niveau d’agressivité. N’en faites jamais plus que lui, car vous risquez de l’intimider et si c’est le cas il quittera les lieux. Dès que vous avez une réponse, vous n’avez plus à imiter une femelle. Cela se passe entre les deux mâles pour la suite. L’objectif est d’amener le mâle à tomber en mode combat. Si vous y parvenez et que le mâle parade devant vous en balançant son panache et en montrant toute son ampleur, vos chances de récoltes sont de quasi 100 %.
Si vous découvrez des signes frais confirmant la présence d’orignaux dans un secteur précis de votre territoire, investissez les efforts nécessaires à cet endroit. Avant d’établir un plan de match, essayez de comprendre pourquoi les orignaux sont soudainement présents à cet endroit ou à quel endroit ils se dirigent et pourquoi. Pour avoir un portrait précis, l’utilisation d’une carte écoforestière ou IQHO peut s’avérer très importante, car elle vous perme ra d’identifier les garde-manger ainsi que les zones de repos des orignaux. Une fois cette analyse effectuée, vous serez alors en mesure de vous positionner au bon endroit pour attirer à l’appel un mâle ou d’opter pour l’attendre près d’un garde-manger nouvellement fréquenté.