Contrairement à mon collègue Louis Turbide, qui est un vrai spécialiste de chasse à l’ours avec une longue expérience et de nombreux trophées de plus de 250 lb (et même 300) à son actif, je me considère encore comme un néophyte à cette chasse. Même si j’ai déjà récolté quelques ours par le passé et même un trophée il y a plusieurs années, il s’agissait essentiellement de chasses en pourvoiries et pour lesquelles tout le crédit revenait aux guides qui avaient su choisir les bons emplacements et les bons appâts pour me permettre de récolter. En fait c’est seulement ma troisième année que je chasse l’ours par mes propres moyens et je dois avouer que j’adore ça. La préparation des sites fait parti intégrante de la chasse à l’ours noir et devient une activité qui s’intègre parfaitement à nos premières sorties de pêche à la truite. Suite à l’installation des appâts c’est l’excitation et l’espérance que les ursidés vont découvrir nos gâteries avec toujours l’espoir aussi qu’au moins un spécimen de belle taille adopte l’endroit.
Cette année j’avais un ours, qui me semblait de taille intéressante, qui a commencé à visiter le site vers le 16 mai. Il n’était pas du tout régulier et souvent nocturne, mais il était dans le coin. Par contre quand j’ai vérifié mes photos à mon arrivée au site de chasse j’ai été très déçu de constater que mon target n’avait passé que 2 fois (et la nuit par-dessus le marché) dans les 7 derniers jours. Et le comble aucun autre ours n’avait été croqué par mes deux caméras. Bref mes espoirs et mes attentes n’étaient pas très élevés…
À l’opposé quand le suis allé voir le site de mon chum de chasse Daniel, il était évident que des boules noires avaient adopté son appât. Pourtant à peine une semaine avant, lors de son passage pour aller ravitailler, aucun ours n’avait encore trouvé le site à son grand découragement. Donc, sans voir les photos, les indices de présence parlaient d’eux-mêmes. Plusieurs tas de crottins, une caméra arrachée de l’arbre et tous les morceaux de bois enlevés des barils (seul des ours peuvent enlever ces bouts de bois). J’ai tout de suite appelé Daniel, qui était sur la route, pour lui annoncer la bonne nouvelle en lui disant à la blague de ne pas oublier sa carabine…
Nous avions prévu chasser le vendredi soir, le samedi soir et si nécessaire le dimanche matin. Donc pas énormément de temps de chasse pour commencer à être très sélectifs… En plus de mon côté les attentes étaient presque nulles… Donc le premier soir, comme prévu je n’ai pas d’action, alors que Daniel aperçoit un ours dans les dernières minutes de chasse, mais il décide de le laisser passer car il ne peut juger de sa taille et en plus le peu de lumière l’empêche de prendre un tir éthique.
Le deuxième soir je pars encore avec bien peu d’attente, alors que mon chum est ultra confiant d’avoir de l’action. Il faut dire qu’après avoir analysé ses photos (heureusement il avait installé deux caméras), il pouvait compter au moins 5 ours différents et j’étais un peu jaloux… Pour faire une histoire courte, vers 20 h 05 alors que la forêt est calme et sans vent j’entends clairement le bruit d’une branche se briser vers ma droite. Je tombe instinctivement en mode prédateur et je pars ma caméra. Je crois voir passer une tache noire derrière le baril, mais je ne suis pas sûr. Tous mes sens sont en éveil et je fixe une zone un peu à droite de mon appât. Puis sans crier gare un coup de feu au loin, mais que l’on entend très bien dans la vidéo ci-dessous, me sort momentanément de ma concentration. Ça tourne vite dans mon cerveau et sais très bien que c’est mon chum Daniel qui a fait feu. Je reviens rapidement à mes moutons et très exactement 1 minute et 18 secondes plus tard c’était à mon tour de faire chanter ma 270 Win dans les grandes forêts des Hautes-Laurentides.
Deux ours très ordinaires pour des chasseurs de trophées, mais une belle chasse tout de même, des bons moments en forêt et surtout une viande succulente pour les mois à venir… Les dorés n’ont qu’à bien se tenir maintenant!!!